Il y a de cela quelques années, je me suis retrouvé à faire de la figuration pour le théâtre du Chatelet dans un spectacle magnifique, La mélodie du bonheur.

Comédien et metteur en scène hyper actif, j’étais, financièrement, très heureux de participer à cette aventure mais assez décontenancé par l’ennui qui, à la longue, finissait par m’accabler. Les chanteurs avaient beaux être des interprètes de premier ordre, l’attente achevait de m’user les nerfs et le peu que nous avions à faire en répétition d’abord et sur scène ensuite ne me consolait nullement.

C’est alors que je fis la connaissance d’un comédien particulier. La bonne soixantaine, rondouillard, tête ronde, apparence lunaire, il dénotait des autres par une attitude fantasque profondément drôle et nullement fabriqué. Il était ainsi. Sa caractéristique principale étant de débiter des pensées absurdes et irrésistibles. Le ton sérieux était démenti par le propos farfelus qu’il exprimait en toute occasion. Le fond et la forme au service d’un humour cultivant la dérision.

Inspiré par ce comédien, j’ai songé à écrire les deux premiers sketchs de L’Agent et le Comédien. Faussement sérieux et capable de réparties extravagantes en toutes circonstances. Mon personnage était né grâce à lui.

Une fois écrit, je lui ai envoyé les deux premiers textes pour qu’il interprète le fameux agent. Il m’a répondu qu’il en était très heureux. Nous avons donc répété une première fois : il était parfait ! Mais dès le lendemain, il m’envoyait un message pour me dire qu’il devait abandonner le projet car « il souffrait de l’oreille gauche »… Fidèle à son personnage jusqu’au bout !

Claude Gisbert

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